Cavanna ne mourra jamais !
Père Lachaise, 6 février 2014. Et voilà ! Cavanna, l’écrivain, le philosophe, le dessinateur s’est tiré... Définitivement.
C’est con pour un mec de cette trempe de finir comme tout le monde, "à la décharge" comme il disait. Il y en avait du monde pour lui témoigner affection et admiration !
De la tristesse évidemment de voir un type pareil terrassé par cette chienne de vieillesse qui te torture crescendo pour ensuite te refiler, bousillé, à la grande faucheuse qu’il qualifiait lui-même de "hideuse". T’as beau résister, t’as beau te débattre, t’as beau chialer, elle te r’garde même pas la salope, elle s’en contrefout de tes cris, de tes insultes ou de tes gémissements, elle t’enlève des lambeaux de vie en ricanant, elle te retire un à un tous tes droits à la vie acquis à la naissance, et qui plus est en t’humiliant. Ce serait quand même moins pire de crever en bonne santé, non ?
Bon, Cavanna
s’est tiré mais à l’évidence il n’est pas mort. Et tous ceux qui ont
pu, la voix tremblante d’émotion, dire quelques mots, l’ont confirmé.
Wolinski, lui, n’a rien pu dire.
C’était trop fort, trop viscéral, ça
le prenait aux tripes, à la gorge jusqu’aux yeux. Il l’aimait tant son
ami Cavanna, son découvreur, son complice de toujours. Alors après la
famille qui a dit tout son amour pour ce père singulier, ce grand-père
intimidant (papy moustache), pour cet homme tellement impressionnant
mais au cœur si grand que tous y trouvaient leur place, ce fut au tour
des Delfeil de Ton (ex hara kiri), Charb (Charlie Hebdo), Siné (ex Hara
Kiri), Denis Robert (journaliste qui prépare un film sur lui), Jacques
Martin (Maire de Nogent-sur-Marne où il a grandi), Michèle Bernier (la
fille de Choron), son éditeur, et d’autres amis ou lecteurs anonymes,
d’évoquer sans grandiloquence mais avec humour et une bonne dose
d’émotion, les couleurs vives de l’homme qu’ils ont aimé :
"l’anti-faux-cul par excellence", le républicain viscéral (qui ne
remerciera jamais assez l’école publique et laïque de lui avoir ouvert
les portes du savoir), le dévoreur de curés et d’autres "monstruosités"
(chasseurs, drogue, pub, corrida, zoos et j’en oublie), le défenseur
acharné de la langue française et de son orthographe, le pourfendeur de
l’irrationnel, du conformisme et de ses conventions, rebelle à toutes
les doctrines, le passionné de sciences, celles qui font progresser
l’humanité (comme la lutte contre le vieillissement), le philosophe
utopiste et l’écrivain rabelaisien, l’amoureux insatiable des femmes.
Bref, un sacré bonhomme que quelques unes de ses musiques préférées (Brassens, Moustaki et de belles canzoni italiane) ont accompagné tout au long de l’hommage poignant qui lui a été rendu. En cet après-midi on ne peut plus maussade, Cavanna a finalement gagné l’immortalité.... mais il ne le saura jamais.
Michel Taupin
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